Pierre DÉMÉTRIO (1920 † 1992)

Pierre DÉMÉTRIO, chaudronnier ambulant (1920 † 1992)

ou Battiny, ou Bétini DEMESTRE ou Betigny DEMETRIO, ou Pierre Démétrio (1920-1992)

Rrom kaldertash. Serait né en Pologne vers 1915 ou à Épinal (Vosges) le 15 avril 1917, ou à Padova, (Padoue, Veneto, ITALIE) le 15 mars 1920, fils de Francisco DEMETRIO (1883) et de Anna SCHAENOTZ (1895), d’une fraterie de 9 dont Vocho DEMESTRE (ca 1909-1912 † 1944), et Roger DEMESTRE

Vit en concubinage avec Hélène DEMESTRE, a.k.a. Worochana, Vorachina, Rose, Roxana, Anna, GORGAN (1918 † 1998), dont 4 enfants, dont Marguerite DEMESTRE (1941, Besançon – Doubs), internées au Camp de Nomades de Saliers, puis Élise DEMESTRE (1946, Mauriac), rempailleur de chaise, heimatlos ou français, catholique.

Voyageait en 1939, en roulotte en Saône-et-Loire.

« Nous étions à Moulins dans l’Allier lorsque nous avons été arrêtés pour la première fois. Ils nous ont alors assignés à résidence en Corrèze. A l’époque nous avions des roulottes avec des chevaux. »

Témoignage de Roger Démétrio.

Arrêté à 22 ans à Sornac (Corrèze). Départ de Guéret (Corrèze). Interné au Camp d’Hébergement de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), îlot F, le 13 novembre 1941, matricule 13 137. Évadé le 21 décembre 1941. Retour d’évasion, îlot J, matricule 14027, le 20 mars 1942. Transféré le 27 mars 1942 au camp du Barcarès (Pyrénées-Orientales), îlot B, n° de sortie 1540. Passage à Carcassonne (Aude). Retour au camp de Rivesaltes, matricule 15396. 

Et puis un jour, ils sont venus nous chercher et nous ont mis dans les camps de concentration. On a dû laisser nos roulottes et nos chevaux là-bas et on ne les a jamais récupérés. Ils nous ont pas expliqué pourquoi on allait dans ces camps. Ils nous ont d’abord emmenés à Rivesaltes. Il y avait toute ma famille – les Schaenotz et les Demetrio – qui était dans ce camp. Nous sommes restés quelques mois et puis, avec quelques-uns nous nous sommes échappés. Nous sommes partis à Valence dans l’Ardèche. Seule ma grand-mère est restée à Rivesaltes. Elle y décédera peu de temps après. »

Idem.

La famille est internée à Rivesaltes et Barcarès (Pyrénées-Orientales) en 1941. Évadés, repris et emprisonnés à Saint-Flour en 1942, assignés à résidence à Pierrefort, ils sont internés au camp de Gurs (Pyrénées Atlantiques).

« Au bout de trois ou quatre mois, la gendarmerie nous a retrouvés et nous a emmenés au camp de Gurs. Nous sommes restés presque un an dans ce camp. Il y avait beaucoup de juifs. C’était un camp qui était très dur. Après nous avons été au camp de Noé pendant un mois […]

idem.

Transféré, n° de sortie 7888 et 3849 au Camp de Nomades de Saliers (Bouches-du-Rhône) le 08 août 1942, matricule 69. « Avis du Commandant du Camp : ne paraît pas devoir être libéré ». Évadé le 17 octobre 1942. Rayé des contrôles le 15 octobre 1943. 

« C’était un camp pour les nomades. Nous étions une quinzaine dans la même maison. Nous dormions les uns sur les autres. Il n’y avait rien à manger. Heureusement que j’avais un oncle – Yoshka Gorgan• qui habitait Maurs dans le Cantal et qui nous envoyait des colis de temps en temps. Beaucoup de gens étaient malades. Il y avait plein de moustiques dans ce camp. C’était insupportable. Alors, pour faire partir les moustiques, on faisait des feux dans les cabanes. Mais à cause de ces feux, on prenait des maladies de peau. Mon père allait travailler dans une ferme à l’extérieur du camp, mais normalement on n’avait pas le droit de sortir. Le camp n’était pas très bien gardé et ce n’était pas très difficile de pouvoir s’en échapper. Seulement, même si on partait, on était repris à quelques kilomètres. J’ai deux frères qui ont quand même réussis à s’enfuir. Ils sont alors partis dans le Cantal retrouver mon oncle. Mais là-bas les Allemands sont venus pour faire une rafle.»

Idem.

Transféré au camp de Noé (Haute-Garonne), muté le 28 septembre 1943 au G.T.E. 513 à Muret (Haute-Garonne) pour Saint-Gaudens (Haute-Garonne), mais s’évade lors du transfert avec son frère Vocho, ils se cachent à Maurs (Cantal) en 1944. Arrêtés à Maurs lors de la rafle du 12 mai 1944 dans le Lot et le Cantal. Internés à Montauban puis dirigés sur Compiègne. Déporté par le transport parti de Compiègne (Oise) le 04 juin 1944 vers Neuengamme (Allemagne), sous le nom de Béténi Demestre, avec son frère Vocho Demestre (1914-1944). Arrivé à Neuengamme le 7 juin 1944. Kommandos de la Région de Hanovre, matricule 33328. Décès de son frère Vocho DEMESTRE le 22 décembre 1944. Evacuation vers Bergen-Belsen. Rapatrié le 10 mai 1945.

« Mes deux frères ont été déportés en Allemagne. Seul Pierre est revenu vivant. […] On a revu mon frère longtemps après. » 

Idem.

Après la guerre et le retour de Pierre, ils seront encore assignés à résidence jusqu’en 1946 à Mauriac où naît leur fille Elise. Décédé le 19 mars 1992 à Saumur (Maine-et-Loire), à l’âge de 72 ans.


Documents d’internement


Sources

FMD

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, FRAD013 142 W 83/ IMG 1950 ?; 142 W 86, 2 carnets anthropométriques ; 142 W 98 Rayés des contrôles.

Archives départementales de Haute-Garonne, FRAD031_05956_W_000004_0337, fiche d’interné.

Archives départementales des Pyrénées-Orientales, FRAD066, 1260 W 76, entrées Barcarès, 1260 W 88, sorties Rivesaltes.

Témoignage de Roger Démetrio, recueilli par Mathieu Pernot, coll. Museon Arlaten.