Hôpital Saint-Louis, Perpignan (Pyrénées-Orientales) 1940-1942

L’absence d’hygiène, la malnutrition, les conditions de vie, la concentration des personnes, les mauvais traitements sont autant de facteurs (parmi d’autres…) de maladies, blessures, décès dans les camps. Le camp des familles de Rivesaltes n’échappe pas à la règle. Nous voyons donc s’opérer un échange réguliers d’interné.es entre le camp et son annexe sanitaire.

L’Hôpital Saint-Louis, est situé au 39 de l’avenue Maréchal Joffre, à Perpignan, dans l’ancien collège Saint-Louis de Gonzague qui a déjà abrité un hôpital militaire annexe en ville durant la Grande Guerre de 1914-1919 (les derniers Nomades internés au camp de Crest dans la Drôme n’ont été libérés que cette année là). Dès février 1939, il accueilles des réfugiés étrangers des camps d’Argelès, Barcarès et Saint-Cyprien. En septembre 1940 il est placé sous tutelle du Ministère de l’Intérieur. En mars 1941, il est rattaché administrativement au camp de Rivesaltes.

« Les cas médicaux sont envoyés à l’hôpital Saint-Louis à Perpignan et les cas chirurgicaux à l’hôpital Saint-Jean de cette même ville.« 

[Klarsfeld.]

Les personnes envoyées en soins sont décomptées des effectifs du camp ; celles qui y décèdent sortent des statistiques, double avantage pour l’administration du camp… Parmi elles, venues du camp des familles :

Rosa SCHNEIDER, enfant française (1937 – ), alors âgée de 4 ans, est évacuée sur l’hôpital Saint-Louis de Perpignan le 08 septembre 1941, puis transférée le 31 mai 1942 au camp-sanatorium de La Guiche (Saône-et-Loire) qui accueille environ 260 tuberculeux pour y être soignés avant d’être renvoyés dans les camps. On disait de la Guiche que c’était le seul sanatorium de France dont on ressortait plus maigre qu’à son arrivée…

Martha LOEFFLER, née MANUK (circa 1888 † 1941), décédée lors de son hospitalisation le 08 octobre 1941.

Henriette TAÏCON, née CORRET, enfant française (1938 † 1942), entrée à l’ancien Hôpital Saint-Louis, salle D, Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 04 avril 1942 à 18 h45 pour une bronchite, sous le matricule 736. Décédée le 11/04/1942 à 1 heure, d’un collapsus cardiaque dans le cours d’une bronchite. Prévenir sa mère au camp du Barcarès, îlot B.

Jean FOURMANN, (1881 † ), hospitalisé le 14 août 1942

Catherine WEISS (1874 † 1942), est évacuée sur l’hôpital le 02 septembre 1942, n° de sortie 4 602. Elle y décède le 09 septembre 1942, âgée de 68 ans.

Étienne HUBER, enfant français, (1940), évacué le 23 novembre 1942.

Lucienne FELMANN, enfant française (1942 † 1942), y décède le 25 novembre 1942, jour d’évacuation du Camp de Rivesaltes, et du départ de sa famille pour le camp de Nomades de Saliers-Arles, à l’âge de presque 4 mois…

Perpignan – Avenue du Maréchal Joffre, tramway – Edition A. L’Hoste – Carte CPSM n° 96, circa 1955.

Le lieu est occupé aujourd’hui par la mairie de quartier Haut-Vernet, Nord Perpignan. Rien n’indique le drame qui s’est déroulé ici…


Sources

Archives départementales de Pyrénées Orientales, 2620 W 14 et 38 W 176 ; 1787 W 10 décédés Hôpital Saint-Louis.

Archives municipales de Perpignan.

Archives Nationales, F7

Klarsfeld, Serge, Mémorial de la déportation des Juifs de France, 1978, pp. 249-251.

Merci à l’équipe des archives municipales de Perpignan pour leur aide précieuse lors de nos recherches et à Gregory Tuban (MCR) pour sa relecture attentive.