Gabriel « Gaby » AUBOIRE (1899 † 1963)

Gabriel Gaby AUBOIRE (1899 † 1963), forain français, socialiste révolutionnaire, anarchiste, résistant.

Cheveux châtains clairs, yeux marron, front moyen, nez rectiligne, visage ovale, 1 mètre 69. Niveau d’instruction : 3. Casier judiciaire vierge.


Né le 13 avril 1899 à Villefranche (Allier). Fils de Pierre AUBOIRE, 23 ans, (1875 † 1940), courrier des postes puis employé à l’imprimerie du journal Le Progrès de l’Allier, et de Francine GILLARDIN, 18 ans, ménagère. Frère de Éliane AUBOIRE, également militante.

1916 : Élève en pharmacie à Vichy où il demeure.

De 1918 à 1919, il fait l’objet d’une surveillance serrée de la Sûreté Nationale :

1918 : Commis pharmacien chez Dugrivel, Grande Rue, Oyonnax (Ain).

23 avril 1918 : Signalé par le préfet de l’Ain, Hilaire Delfini (1871-1931), « comme suspect de propagande anarchiste ». Le sous-préfet de Nantua (Ain) lui refuse la délivrance d’un passeport pour la Suisse.

12 juillet 1918 : quitte Moulins (Allier) pour se rendre à Vienne (Isère) « où il aurait du travail dans une fabrique de col de celluloïd. » S’agit-il des Établissements Luiset-Coignet à Vienne? L’industrie de celluloïd, précurseur de l’industrie plastique était implantée à Oyonnax. Signalé au préfet de l’Isère.

20 septembre 1918 : signalé par le préfet de l’Indre, Jean GRILLON (1875-1924) comme étant en relation épistolaire avec l’anarchiste Maurice Charron dit « Chardon »1 (1892-1919), actuellement à Céaulmont (Indre). Demeure à Vichy d’où il se rend quelquefois chez son père Pierre AUBOIRE, né le 28 juillet 1875 à Vieure (Allier), employé à l’imprimerie du journal Le Progrès de l’Allier. Il y reçoit régulièrement à son nom une brochure intitulée L’Avenir International, revue mensuelle d’action Sociale, rédaction et administration, 96, quai de Jemmapes, Paris (10e).

06 octobre 1918 : « Ajourné au service militaire, AUBOIRE est actuellement en pourparler avec M. Cruzel, propriétaire de la Pharmacie Anglaise » à Monte-Carlo, pour l’obtention d’un emploi de préparateur en pharmacie dans cette maison. »

05 novembre 1918 : reçoit plusieurs exemplaires de L’Idée Libre. 3, rue Louis Blanc à Saint-Étienne (42).

02 décembre 1918 : quitte Vichy pour rendre visite à sa famille à Moulins.

04 décembre 1918 : quitte Moulins pour Bourges (Cher), pour entrer à la pharmacie Henry, rue de Duse. En relation épistolaire avec Sébastien Faure (1858-1942)2. A pour maitresse Marie-Louise Tourné, 23 ans, en instance de divorce, employée en pharmacie (Lettre du 15 janvier 1919). Il loge en garni, 12, rue Sérancourt.

24 décembre 1918 : correspondance de Valentin Boffi.

13 janvier 1919 : le commissaire spécial de Bourges se plaint de la mauvaise coopération de l’administration des Postes quant à sa surveillance du courrier…

16 janvier 1919 : correspondance avec Voisin, peut-être Joseph Voisin (1882-1969).3

01 février 1919 : correspondance avec Bergeron (probablement Paul Bergeron (1898-1950), alors à la 40e compagnie, 14e escadron de train à Lyon).4

15 avril 1919 : Quitte Bourges où il occupait une place de commis pharmacien chez M. Henry, « sans se faire régler », pour reprendre un emploi chez Dugrivel, pharmacien Grande Rue, Oyonnax. Il « se serait rendu chez son père à Moulins s/Allier, 34, rue des Bouchers, pour delà retourner à Vichy où il compte faire dans une pharmacie, toute la prochaine saison thermale. […] il continuait à lire et à se procurer les journaux et publications anarchistes et révolutionnaires et notamment Le Libertaire. »

Classe 19. Ajourné pour faiblesse. Exempté en 1922 pour « faiblesse irrémédiable ».

06 septembre 1922 : Encore étudiant en pharmacie, mariage à Oyonnax (Ain) avec Eugénie, Louise Angéline BAUMEL, née à Bone, arrondissement de Constantine (Algérie), le 04 mars 1902, décédée après 1963.

« Acquis tout jeune aux idées libertaires, Gabriel Auboire était entre les deux guerres un militant très actif du mouvement sous le pseudonyme de Gaby. En 1924 il était le secrétaire du groupe anarchiste de Moulins (Allier) où il demeurait 10 place de l’Hôtel de Ville, mais n’était pas adhérent à la Fédération Anarchiste du centre. Il collaborait régulièrement à l’organe d’action et de philosophie anarchiste L’Anarchie publié à Paris (1926-1929) par Louis Louvet et Simonne Larcher. Il était également le fondateur de la Fédération de la Libre Pensée de l’Allier.

Dans les années 1930, il était membre du groupe « Les Affranchis » et habitait Oyonnax (20, rue Couvert). En 1935 il était marchand forain à Moulins et fut l’un des signataires d’un Manifeste appelant à une Conférence nationale contre la guerre et l’union sacrée réunissant anarchistes et syndicalistes, dont le secrétaire à l’organisation était Robert Louzon. En 1938 il fut membre du groupe de Moulins de l’Association des Fédéralistes Anarchistes (AFA) qui comptait une dizaine de membres et dont le secrétaire était François Minet.

AUBOIRE écrivait à cette époque régulièrement dans l’organe de la CGT-SR Le Combat syndicaliste où il dénonça notamment l’alliance du cléricalisme avec le fascisme, le capitalisme, le militarisme (1er janvier 1937), la collusion des syndicats avec les politiques (22 janvier 1937), Boudet le maire S.F.I.O. – qui le restera sous Vichy – (19 mars 1937), etc. Il organisa la venue d’Aristide Lapeyre à Vichy puis Moulins les 12 et 13 février 1937 pour une conférence axée sur la guerre d’Espagne dont il fera également le compte rendu dans Le Combat syndicaliste.

En vertu de la loi du 18 novembre 1939, qui donne toute latitude aux préfets sans jugement préalable d’interner des citoyens français, et par arrêté du préfet de l’Allier, Joseph Porte, en date du 13 août 1941, il est interné au C.S.S. de Nexon (Haute-Vienne), baraque 4, le 21 août 1941. Il en fut libéré par le gouvernement de Vichy, le 13 octobre 1941, en même temps que 45 autres syndicalistes, direction Cusset (Allier), lieu-dit Presles. Il aide alors à la libération/ évasion d’internés politiques et résistants avec le concours de Fernand Auberger, du Frontstalag 155 de Longvic au sud de Dijon. A partir de juillet 1942, il organise l’entraide et la solidarité en faveur de résistants placés en résidence surveillée à Aiguebelette (Savoie), notamment Louis Navel, qui en témoignera. Il constitue un groupe de propagande anti-hitlérienne par le tract, « Élysée Reclus », dont le manifeste-déclaration écrit par ses soins parut en septembre 1942 et dont l’action se poursuivit surtout dans les régions lyonnaises. Du 29 septembre 1942 à la libération de Lyon il est membre du Mouvement de Résistance Le Coq Enchainé, premier mouvement armé de résistance. Il est également proche du groupe Bir-Hackeim. Suite à un mandat d’arrêt de la Gestapo de Moulins en date du 20 février 1943 il entre dans la clandestinité à Vichy, puis Oyonnax et enfin Villeurbanne jusqu’à fin septembre 1944. Il organise des sabotages chemins de fer (ligne Saint-André-le-Gaz-Chambéry-Grenoble, suite auquel 13 personnes seront éxécutées par la Milice et les Nazis), des lignes téléphoniques, avec l’Armée Secrète le transformateur du tunnel du Mont Lépine, les conduites d’eau alimentant la gare de Chambéry. C’est son groupe qui prévient la Résistance d’Ambérieux-en-Bugey de l’imminence de son arrestation par la Gestapo sur dénonciation. A la Libération ils procèdent à l’arrestation des membres du P.P.F.: Saunier « Gueule tordue », Desgeorges, Cesbron.

Investi depuis longtemps dans la Libre Pensée de l’Allier, c’est lui qui au lendemain de la Libération participa au réveil de la Libre Pensée de l’Allier dont au congrès départemental à Moulins le 12 octobre 1947 il en assuma avec Minet la présidence. Il en sera le secrétaire départemental en 1948/1949.

Gaby Auboire, avait cessé tout militantisme au début des années 1950 tout en restant un libertaire convaincu. »5

Sa demande de carte de combattant volontaire de la résistance demandée en 1953 lui est refusée le 19 février 1958 et a été transmise à sa fille. Ce malgré les témoignages de résistants comme Georges « Reymond » Dunoir, ou Gabriel « Gaby » Jeanjacquot. Il n’a visiblement pas introduit de recours à cette décision. Il vivait alors Villa Henri, 1, rue du Docteur Challier à Vichy (Allier) où il exerçait son métier de forain sous l’enseigne « A la Frileuse », vente de laines.

Il est mort le 24 octobre 1963 à son domicile Place Docteur Eugène Pillard à Pont-de-Vaux. 


Parcours géographique :


Documents d’identité et de police :


Documents d’internement :


Publications :


Sources :

Maitron, dictionnaire des anarchistes. https://maitron.fr/spip.php?article155800, notice AUBOIRE Gabriel [dit Gaby] [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 6 mai 2014, dernière modification le 4 mai 2020.

Archives Départementales de l’Allier, FRAD003, EC_Villefranche_1899_NA_5 ; IR 929, Registres matricule Moulins, n° 1764 ; JAL 89 4_PARIS_CENTRE_1941.10.13 ; JAL 100 2_PROGRES_LE_1941.10.13 ; 2200 W 25, Dossier de demande de carte de combattant volontaire de la Résistance.

Archives Départementales de l’Ain, FRAD001, EC 2015 06_Oyonnax 1922_M.

Archives Départementales de Haute-Vienne, FRAD082, 185 W 1; 185 W 2; 185 W 3/61, Rapport de l’inspecteur général des camps de la Haute-Vienne au préfet de Limoges, 12 mai 1941, p. 2 ; 185 W 3/63 ; 185 W 16.

Archives Nationales, Fonds de Moscou, 19940432/263, Dossier 24174 (38 pages).

ANOM, EC_Algérie_Bone_1902_NA.

Etat-civil de Pont-de-Vaux, 1963/DE/70.

Le Libertaire, 12 juillet 1935 — Le Monde Libertaire, n°97, Janvier 1964 (nécro. de M. Laisant) — décès annoncé par Défense de l’Homme — R. Bianco, Un siècle de presseop. cit.  — APpo BA 1899 (rapport du 20 mars 1941). —

Gallica, La Croix, du 13 octobre 1941

Notes de D. Dupuy, René Laplanche et de Gilles Pichavant

Photographie, circa 1953 ©Studio Bernard Briant, 21, rue du Commerce, Vichy (Allier) DR.

1https://maitron.fr/spip.php?article153852

2https://maitron.fr/spip.php?article24659

3https://maitron.fr/spip.php?article135019

4https://maitron.fr/spip.php?article153808

5https://maitron.fr/spip.php?article155800

Merci aux archivistes des AD de l’Allier et de la Haute-Vienne pour leurs contributions à nos recherches.