Camp de Mérignac (Gironde) 1940-1941

Camp de Nomades de Mérignac Beaudésert (Gironde), octobre 1940-1941

Situé sur le Domaine de Beaudésert. Allée des Acacias.

Garde: 7e brigade mobile de gendarmerie : Bordeaux

Le camp de Nomades (automne 1940)

Le camp crée en 1939 accueille d’abord de nombreux communistes et syndicalistes.

Après la publication du décret-loi du 6 avril 1940 et du 29 avril 1940, sous le régime de la IIIe République, la préfecture de Gironde organise un recensement général de la population nomade le 30 mai 1940, et de leurs moyens de transports. Après la défaite de l’armée française, le 17 juin 1940, le maréchal Pétain capitule et annonce une demande d’armistice aux allemands. De Gaulle prend l’avion pour Londres depuis l’aéroport de Mérignac, pas loin du futur camp de Beaudésert… Un vaste mouvement d’Exode balaie la France dont une bonne partie vers les départements du Sud-Ouest. Bordeaux devient pour la troisième fois en moins de 150 ans le siège du Gouvernement.

En août 1940, les Allemands, via la préfecture refoulent vers l’intérieur des terres les nomades et les indésirables de la côte atlantique. « Dès le début de l’Occupation, les paysans qui possèdent des chevaux, des charrettes, des charriots doivent les mettre à disposition de l’occupant quand besoin est. » (Prieur, pp. 154-155.).

A l’automne 1940, 319 nomades sont raflés par les brigades de gendarmerie sur tout le département en internés au camp de Beaudésert, pour certains avec leurs voitures. Le commandant du camp tient scrupuleusement les minutes de cette période jusqu’à la vente aux enchères à des particuliers des moyens de transports des nomades qui sont envoyés en plusieurs vagues à la fin novembre 1940 vers Civray et Poitiers en Haute-Vienne d’où une partie d’hommes seront déportés le 13 janvier 1943 vers Sachsenhausen, via Compiègne, les autres étant versés au camp de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire).

Ils sont 105 sur la liste dressée le 1er décembre à Beau-Désert au lendemain du premier convoi.

Le 02 décembre 1940, le refoulement de Gironde concerne « des étrangers qui s’y trouvent parmi lesquels des Tsiganes et des Juifs lorrains. » (Paul LEVY, p .20). Un convoi d’autobus quitte le camp de Mérignac pour la gare d’Orléans, quai des Queyries, face à la Garonne, quartier de La Bastide annexé à Bordeaux (Gironde) en 1865.

Le 05 décembre 1940, le camp de Beaudésert est vidé de ses derniers nomades.

Le camp d’internement (1941-1945)

Le camp vidé, accueille de nouvelles catégories d’internés dès janvier 1941 (internés politiques et syndicaux, condamnés de droit commun, « indésirables », nomades et étrangers, trafiquants du marché noir, juifs, proxénètes, prostituées, réfractaires au STO, sans papiers, « dissidents » et « terroristes »)

Sa capacité passe à 500-600 internés.

« Il se rend alors en Gironde ou il est embauché aux chantiers ruraux du Lilet. Fin août 1941, demandant à la préfecture de Bordeaux de retourner à Poitiers pour récupérer ses vêtements, il est interné dans le camp de Mérignac, puis transféré dans celui de La Lande à Monts (Indre-et-Loire), puis dans celui de la Morellerie à Avrillé-les-Ponceaux […]. » (Extrait d’un rapport conservé aux Archives départementales du Maine-et-Loire).

Une prairie de 10.773 m2 sise allée des Acacias est ajoutée en 1942.


Stèle

A gauche : « Camp d’internement de Mérignac Beaudésert. 1941-1944. Plus de douze cents Résistants internés Politiques Juifs, réfractaires au STO ont séjourné dans ce camp avant d’être dirigés vers Drancy et les camps de la mort ou d’être exécutés comme otages au camp de Souge. » (Stèle inaugurée le 24 décembre 1985).

A droite : table d’orientation inaugurée le 14 novembre 2024.


Sources

Archives

AN F7 15 099. Mérignac. 1945. Correspondance générale concernant les camps. Plans du camp.

  • Dossier 1a rapport 4. Rapport André-Jean FAURE, 18 février 1942. Photographies du camp.

AD33, 52 W 82, Nomades et forains. Instructions (interdiction de circulation pendant la durée de la guerre, fixation du lieu de résidence, création d’un camp de nomades sur la demande des autorités d’occupation et organisation, circulation) 1940-1969

  • Nomades 1939-1945 (numérisé, consultable sur place)
  • 25 octobre 1940, le commandant Wagner, Feldkommandantur 529, au préfet de Gironde

AD49

AD87

Bibliographie

FAURIE, Michèle ; SIGOGNAULT, Christophe, Mérignac-Beaudésert, tsiganes français sous l’Occupation, ed. L’Espace d’un instant, Paris, 2011, 60 p.

FILHOL, Emmanuel, « Les tsiganes en Gironde pendant la Seconde Guerre Mondiale », Annales du Midi, tome 115, n° 242, p. 231-259, avril-juin 2003. Histoire du camp. Ne prend pas en compte les 137 internés non recensés par la police française.

FILHOL, Emmanuel, « L’internement et la déportation de Tsiganes français sous l’Occupation : Mérignac-Poitiers-Sachsenhausen, 1940-1945 », Revue d’Histoire de la Shoah, n°170, p. 136-182, septembre-décembre 2000. Contient : Maurice Papon, Avis de recherche de nomades évadés du camp de Saliers (Haute-Camargue)

KLARSFELD, Le calendrier des persécutions des juifs en France, FFDJF 1944. p. 27.

La Petite Gironde, quotidien régional