L’Histoire du camp de Rivesaltes ne prend malheureusement pas fin au 25 novembre 1942, lorsque, réquisitionné par l’armée allemande, les nomades qui y ont survécus sont envoyés ces jours glaciaux par convois vers les camps de Gurs et de Saliers (Arles). Puisque l’histoire se recoupe des descendants d’internés de ces deux périodes de persécution ont fondé famille. L’histoire est belle lorsque la vie l’emporte sur la haine de l’autre.
« Le 19 octobre 2019, Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, inaugure une stèle à la mémoire des 146 personnes mortes dans le camp de Rivesaltes entre 1962 et 1965. Hacène Arfi et des membres de sa famille étaient présents. En novembre 1962, il perd son petit frère qui venait de naître.
Témoin de cet ouvrage, ce célèbre militant de la cause harkis se souvient du drame. Voici un extrait :
« L’évènement le plus important pour ma famille et moi-même est la mort de mon petit frère qui venait de naître au camp de Rivesaltes. Sans aucune aide, ma pauvre maman a accouché dans la froideur de la tente. Le bébé est décédé aussitôt. Dès le lendemain, très tôt, bien avant le lever du soleil, mon père nous a réveillés. Il a enroulé le bébé dans une serviette et on est partis avec lui, loin du campement. Il a creusé un trou où il a déposé, comme au ralenti, le petit corps sans vie. Pendant tout ce temps, ma mère a récité des versets du Coran. Tout autour de la tombe, mes frères et moi, on était silencieux. C’était extrêmement impressionnant. Je suis resté marqué à jamais par cette scène. »