Raymond Gurême est né le 11 août 1925 à Meigneux (Seine-et-Marne). Durant la guerre, arrêté à Sotteville-les-Rouen, il a été interné au camp de Linas-Monthléry avec sa famille.
Dans un entretien avec Théophile Leroy le 11 novembre 2015 il raconte, de sa façon bien à lui, sa deuxième évasion:
Ma première évasion, c’était au mois de juin [1941] avec mon frère. La deuxième évasion, c’était le 5 octobre. J’étais au mitard, au cachot. C’est arrivé parce qu’il y avait un petit gitan, un petit gosse quoi, qui passait entre les gens pour avoir plus à manger, il est passé deux fois. Et puis les gens poussaient, ils voulaient pas qu’il se mette devant eux pour pas perdre leur gamelle. Les trois-quart avaient même plus le goût de vivre, démoralisés. C’était une louche par personne : des bouts de légumes et des asticots. Je l’ai appelé et je l’ai mis devant moi mais ça a duré un moment comme ça. Et puis, le gardien l’a vu et lui a dit « Qu’est ce que tu fais là toi ? ». Le gamin, il comprend pas, c’était un petit gosse. Alors je dis : « si il est là, c’est qu’il a faim, il veut un peu de rabiot ». Alors là, le gardien lui met un coup de louche sur la tête. Le gamin, assommé, tombe par terre. Moi j’étais à côté et je mets un coup de poing dans la gueule du gardien. Tous les flics sont venus d’un coup et ils ont matraqué tout le monde. Ils m’ont sauté dessus et mis les menottes. C’était la règle quoi ; un mois de cachot. Ils m’ont enfermé au mitard. C’était une petite baraque, en bois, et puis pas de fenêtres, rien, dans le noir. Ils ouvraient la porte tous les trois jours pour donner un peu d’eau et puis un bout de pain. C’était le noir complet.
Depuis plusieurs années il militait pour une reconnaissance pleine et entière par la France de cette histoire. Il avait raconté ses mémoires dans l’ouvrage d’Isabelle Lignier, Interdit aux Nomades, paru chez Calmann-Lévy en 2011.
Il est décédé le 24 mai 2020. Condoléances à sa famille.