Camp d’Agde (Hérault), 1939-1941

Successivement nommé: Camp des Réfugiés Espagnols (23/07/1940) ; Camp d’Internés 14/12/1940) ; Camp des Internés Civils (7/1/41, AD34, 2 W 620) et Camp de Concentration d’Agde (AD34, 2 W 621-81), abrite aussi un GTE.

Situation:

Création : février 1939

Fermeture officielle : fin septembre 1939.

Fermeture définitive : novembre 1942 sur réquisition allemande lors de l’invasion de la Zone Sud.

Effectif maximum prévu : 20 000

Effectif maximum atteint : 24224 (mai 1939)

Accueil des Nomades: (1939?) 1940-1941

Superficie : 30 hectares

Organisation : 3 camps : Camp 1 : 7 208 internés, Camp 2 : 8002 internés, Camp 3 : 9014 internés ;

Chaque camp a ses propres : Police, Infirmerie, Économat.

Subdivision en Groupes de 4 baraques (plan camp 3, AD34, 2 W 620, adduction en eau, pp. 357-358)

250 baraques type Génie (Adrian?) : 40 x 6, 25 m. Capacité : 250 personnes.

1 mirador

Plan : 426 W 14 et (plan au 1/1000e du camp 3, AD34, 2 W 620, adduction en eau, pp. 357-358, groupe T à X (11 baraques), 2 cuisines, 1 lavabos, 1 wc)

Photos : oui.

Autorité : Ministère de l’Intérieur. 16 e division militaire

Commandant : Chef d’Escadron ZWILLING, 12e Légion de Grade Républicaine Mobile, Commandant le Camp des Réfugiés Espagnols d’Agde (11/05/1939, AD34, 2 W 620, adduction d’eau). Capitaine TASSART, Commandant les Camps d’Internés d’Agde.

Garde : Tirailleurs sénégalais

Histoire: Créé pour les réfugiés espagnols de la retirada internés à Saint-Cyprien. Il se transforme en prison de près de 6 000 internés dont la moitié de juifs. 25 nationalités y sont recensés en plus des travailleurs Indochinois et des Tchécoslovaques démobilisés. Les Français et les apatrides vivent dans des îlots appelés « camps des internés civils ». Il ferme officiellement fin septembre 1940. Entre le 1er octobre et le 15 novembre 1940, 1845 personnes y sont internées. Ils sont 4 700 le 20 novembre, 5 900 le 30 novembre.

Les conditions de vie sont les même que dans tous les camps : atroces. Henri KICHKA, interné Juif : « De fil en aiguille, nous avons débarqué au camp de Rivesaltes où nous avons moisis dans des baraques glacées au bord de la mer, une discipline de fer, une nourriture réduite à sa plus simple expression, copie conforme du camp d’Agde. » cité par BENEZET pp. 183-185.

02 décembre 1940. « C’est une profonde impression de misère qui se dégage de cette visite [au camp d’Agde]. Dans certains baraquements affectés aux hommes il manque le plancher et les internés couchent à même le sol. Les planches qui forment les parois sont disjointes et laissent passer le froid et la pluie ; d’autre part, les toitures sont souvent percées. J’ai pu constater que dans les baraquements affectées aux femmes, il n’y avait pas de châlit ni de bat-flanc, tout juste un peu de paille. Faute de couverture, des femmes et des enfants avaient froid. » [AD34, 2 W 620, pp. 546-547, rapport du préfet de l’Hérault à Vichy.]

Le 10 décembre 1940, le Directeur Général de la Sûreté Nationale, CHAVIN, décide:

I.– La cession du camp de Rivesaltes, dont, sur mes instances, M. le Ministre Secrétaire d’État à la Guerre vient de décider le passage à mon Administration, va permettre d’apporter une amélioration à la situation actuelle. Je compte y grouper dans le plus bref délai possible, les 6.000 internés actuellement au camp d’Agde (Hérault) et qui ne sauraient absolument pas y demeurer plus longtemps, et les 2.500 internés du camp de Brens (Tarn) qui doit être très prochainement affecté à des internés français, et, aussitôt après, les internés de Montélimar (500) et de Septfond (Tarn et Garonne (5 000), d’autre part, je compte y diriger, dès que possible, une partie des effectifs des camps de Gurs et d’Argelès, actuellement beaucoup trop chargés.

26 décembre 1940. Le camp est totalement saturé.

Devenu camp de transit (pour les déportés) les internés sont envoyés vers d’autres camps du midi de la France. Deux convois de non-juifs sont dirigés vers Rivesaltes dans la semaine précédent le 14 janvier 1941. (IANCU, p.98).

Transport du 14 janvier 1941 : 950 personnes pour Rivesaltes.

Transport du 17 février 1941 : 357 personnes âgées, infirmes et malades pour le « camp-hôpital » de Noé.

Transport du 22 février 1941 : 1044 personnes pour Rivesaltes, avec « la couverture et le couvert individuels emportés pour chaque réfugié. Du matériel de distribution et de cuisine sera emporté par le convoi quittant Agde pour Rivesaltes le 24 février 1941. » [AD34, 2 W 620, Note 582/2C, (foto)]

Transport du 02 mars 1941: 247 personnes pour le camp de concentration d’Argelès, 82 personnes pour le Rivesaltes, 51 personnes pour Noé.

Transport du 12 mars 1941: 35 personnes pour le camp de concentration d’Argelès, 54 personnes pour le camp d’Hébergement de Rivesaltes.

Le 15 mars 1941, le camp est vide d’internés civils. Il ne reste que les TI et des GTE

Stèle : Plus haut, à l’intersection de la route des 7 Fonts et de la rue Jean Moulin, se tient le Monument du camp d’Agde. Bâti en pierre de basalte, il marque symboliquement l’entrée du camp et rend hommage à toutes les nationalités qui y vécurent.

Pour la mémoire, pour rendre hommage à ces enfants juifs morts dans le camp nazi d’Auschwitz, Agde a baptisé, le 24 octobre 1997, le parvis du collège René Cassin, situé à l’emplacement même du camp d’Agde, « Place des Enfants d’Izieu ». La plaque commémorative qui y est désormais posée rappelle qu’«ici, des enfants juifs et tziganes furent internés par le régime de Vichy et ses complices de septembre 1940 à août 1942. 120 enfants juifs et 15 enfants tziganes furent sauvés de la déportation vers les camps nazis grâce au courage de Madame Sabine Zlatin*, « la dame d’Izieu », qui commença en 1942, au camp d’Agde, son œuvre de sauvetage des enfants promis à l’holocauste. En mémoire de tous les enfants qui ne sont jamais revenus des camps, nous n’oublierons pas. »

Situation : Collège René Cassin


Sources: AD34, C. 1375, C 6679. 1690. 2 W 620 – 618-621, liste nominative des femmes et enfants de nationalité française; Rapport du rav Schilli le 25 novembre 1940. 2 W 620 – 445, rapport du préfet de l’Hérault à Vichy le 2 décembre 1940. 19 W 10, Vichy aux Préfets de la Zone Sud, 5 février 1943. Vichy aux Préfets de la Zone Sud, 21 juillet 1943. 

Archives Centre de Recherches et d’Etudes Juives et Hébraïques (CREJH) de l’Université Paul-Valéry, 1939-1945, Agde.

Témoignages.

IANCU Michaël, Spoliations déportations résistance des Juifs à Montpellier et dans l’Hérault (1940-1944), Avignon, 2000, ed. A. Barthélémy, 256 p.

BENEZET Delphine, Le Camp d’Agde de ses origines à 1942, mémoire de maîtrise d’histoire, sous la direction de C. Iancu, Montpellier, 1993.[:en]

Successivement nommé: Camp des Réfugiés Espagnols (23/07/1940) ; Camp d’Internés 14/12/1940) ; Camp des Internés Civils (7/1/41, AD34, 2 W 620) et Camp de Concentration d’Agde (AD34, 2 W 621-81), abrite aussi un GTE.

Situation:

Création : février 1939

Fermeture officielle : fin septembre 1939.

Fermeture définitive : novembre 1942 sur réquisition allemande lors de l’invasion de la Zone Sud.

Effectif maximum prévu : 20 000

Effectif maximum atteint : 24224 (mai 1939)

Accueil des Nomades: (1939?) 1940-1941

Superficie : 30 hectares

Organisation : 3 camps : Camp 1 : 7 208 internés, Camp 2 : 8002 internés, Camp 3 : 9014 internés ;

Chaque camp a ses propres : Police, Infirmerie, Économat.

Subdivision en Groupes de 4 baraques (plan camp 3, AD34, 2 W 620, adduction en eau, pp. 357-358)

250 baraques type Génie (Adrian?) : 40 x 6, 25 m. Capacité : 250 personnes.

1 mirador

Plan : 426 W 14 et (plan au 1/1000e du camp 3, AD34, 2 W 620, adduction en eau, pp. 357-358, groupe T à X (11 baraques), 2 cuisines, 1 lavabos, 1 wc)

Photos : oui.

Autorité : Ministère de l’Intérieur. 16 e division militaire

Commandant : Chef d’Escadron ZWILLING, 12e Légion de Grade Républicaine Mobile, Commandant le Camp des Réfugiés Espagnols d’Agde (11/05/1939, AD34, 2 W 620, adduction d’eau). Capitaine TASSART, Commandant les Camps d’Internés d’Agde.

Garde : Tirailleurs sénégalais

Histoire: Créé pour les réfugiés espagnols de la retirada internés à Saint-Cyprien. Il se transforme en prison de près de 6 000 internés dont la moitié de juifs. 25 nationalités y sont recensés en plus des travailleurs Indochinois et des Tchécoslovaques démobilisés. Les Français et les apatrides vivent dans des îlots appelés « camps des internés civils ». Il ferme officiellement fin septembre 1940. Entre le 1er octobre et le 15 novembre 1940, 1845 personnes y sont internées. Ils sont 4 700 le 20 novembre, 5 900 le 30 novembre.

Les conditions de vie sont les même que dans tous les camps : atroces. Henri KICHKA, interné Juif : « De fil en aiguille, nous avons débarqué au camp de Rivesaltes où nous avons moisis dans des baraques glacées au bord de la mer, une discipline de fer, une nourriture réduite à sa plus simple expression, copie conforme du camp d’Agde. » cité par BENEZET pp. 183-185.

02 décembre 1940. « C’est une profonde impression de misère qui se dégage de cette visite [au camp d’Agde]. Dans certains baraquements affectés aux hommes il manque le plancher et les internés couchent à même le sol. Les planches qui forment les parois sont disjointes et laissent passer le froid et la pluie ; d’autre part, les toitures sont souvent percées. J’ai pu constater que dans les baraquements affectées aux femmes, il n’y avait pas de châlit ni de bat-flanc, tout juste un peu de paille. Faute de couverture, des femmes et des enfants avaient froid. » [AD34, 2 W 620, pp. 546-547, rapport du préfet de l’Hérault à Vichy.]

Le 10 décembre 1940, le Directeur Général de la Sûreté Nationale, CHAVIN, décide:

I.– La cession du camp de Rivesaltes, dont, sur mes instances, M. le Ministre Secrétaire d’État à la Guerre vient de décider le passage à mon Administration, va permettre d’apporter une amélioration à la situation actuelle. Je compte y grouper dans le plus bref délai possible, les 6.000 internés actuellement au camp d’Agde (Hérault) et qui ne sauraient absolument pas y demeurer plus longtemps, et les 2.500 internés du camp de Brens (Tarn) qui doit être très prochainement affecté à des internés français, et, aussitôt après, les internés de Montélimar (500) et de Septfond (Tarn et Garonne (5 000), d’autre part, je compte y diriger, dès que possible, une partie des effectifs des camps de Gurs et d’Argelès, actuellement beaucoup trop chargés.

Devenu camp de transit (pour les déportés) les internés sont envoyés vers d’autres camps du midi de la France. Deux convois de non-juifs sont dirigés vers Rivesaltes dans la semaine précédent le 14 janvier 1941. (IANCU, p.98).

Transport du 14 janvier 1941 : 950 personnes pour Rivesaltes.

Transport du 17 février 1941 : 357 personnes âgées, infirmes et malades pour le « camp-hôpital » de Noé.

Transport du 22 février 1941 : 1044 personnes pour Rivesaltes, avec « la couverture et le couvert individuels emportés pour chaque réfugié. Du matériel de distribution et de cuisine sera emporté par le convoi quittant Agde pour Rivesaltes le 24 février 1941. » [AD34, 2 W 620, Note 582/2C, (foto)]

Transport du 02 mars 1941: 247 personnes pour le camp de concentration d’Argelès, 82 personnes pour le Rivesaltes, 51 personnes pour Noé.

Transport du 12 mars 1941: 35 personnes pour le camp de concentration d’Argelès, 54 personnes pour le camp d’Hébergement de Rivesaltes.

Le 15 mars 1941, le camp est vide d’internés civils. Il ne reste que les TI et des GTE

Stèle : Plus haut, à l’intersection de la route des 7 Fonts et de la rue Jean Moulin, se tient le Monument du camp d’Agde. Bâti en pierre de basalte, il marque symboliquement l’entrée du camp et rend hommage à toutes les nationalités qui y vécurent.

Pour la mémoire, pour rendre hommage à ces enfants juifs morts dans le camp nazi d’Auschwitz, Agde a baptisé, le 24 octobre 1997, le parvis du collège René Cassin, situé à l’emplacement même du camp d’Agde, « Place des Enfants d’Izieu ». La plaque commémorative qui y est désormais posée rappelle qu’«ici, des enfants juifs et tziganes furent internés par le régime de Vichy et ses complices de septembre 1940 à août 1942. 120 enfants juifs et 15 enfants tziganes furent sauvés de la déportation vers les camps nazis grâce au courage de Madame Sabine Zlatin*, « la dame d’Izieu », qui commença en 1942, au camp d’Agde, son œuvre de sauvetage des enfants promis à l’holocauste. En mémoire de tous les enfants qui ne sont jamais revenus des camps, nous n’oublierons pas. »

Situation : Collège René Cassin


Sources: AD34, C. 1375, C 6679. 1690. 2 W 620 – 618-621, liste nominative des femmes et enfants de nationalité française; Rapport du rav Schilli le 25 novembre 1940. 2 W 620 – 445, rapport du préfet de l’Hérault à Vichy le 2 décembre 1940. 19 W 10, Vichy aux Préfets de la Zone Sud, 5 février 1943. Vichy aux Préfets de la Zone Sud, 21 juillet 1943.

Archives Centre de Recherches et d’Etudes Juives et Hébraïques (CREJH) de l’Université Paul-Valéry, 1939-1945, Agde.

Témoignages.

IANCU Michaël, Spoliations déportations résistance des Juifs à Montpellier et dans l’Hérault (1940-1944), Avignon, 2000, ed. A. Barthélémy, 256 p.

BENEZET Delphine, Le Camp d’Agde de ses origines à 1942, mémoire de maîtrise d’histoire, sous la direction de C. Iancu, Montpellier, 1993.