
Centre de Regroupement de Nomades de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes (Yonne), 1941-1945
En 1938, avant les années sombres de la Seconde Guerre mondiale, un camp d’internement visant essentiellement les Nomades fut aménagé sur l’espace de l’ancienne gare mauricienne, rue de la Vallée, entre le village et son hameau de Mauny.
Après l’arrêt du trafic ferroviaire le 1er janvier 1939, l’ancienne gare de Saint Maurice est réquisitionnée et transformée en camp pour les refugiés espagnols.
En décembre 1940, le préfet décide d’utiliser les installations du camp pour héberger 137 étrangers indésirables expulsés de la Somme et de la Seine-Maritime par les Allemands et assignés à résidence dans le camp , de mars à juin 1941.
A partir de juin 1941, ce camp accueille des Nomades que les Allemands désirent regrouper dans des camps. Ils furent 342, à 90% français. Le camp compte 9 baraquements en planches, installation très sommaire (absence de mobilier, impossibilité de chauffer, promiscuité) ; certains Nomades vivent dans leurs roulottes. La capacité d’accueil est de 170 personnes. « Ce fut le seul camp de la zone occupée qui vécut cinq années en totale autarcie. Saint-Maurice ne fut pas touché par la réorganisation des camps d’internement pour Nomades décidée par les Allemands en novembre 1941. Les internés y étaient “assignés à résidence”. (Hubert). A partir du printemps 1941, les autorités allemandes acceptent le placement de nombreux internés comme ouvrier(e)s agricoles dans des fermes ou comme domestiques dans le département. En septembre 1942 le camp compte environ 60 internés dont 28 enfants de 3 à 14 ans. En décembre 1942, 27 internés arrivent en provenance du camp de Moloy. En juin 1943 il y a 102 Nomades répartis en 29 « clans ». Le 28 décembre 1943 ils sont 166 internés, dont 50 hommes, 57 femmes, et 59 enfants. Le 4 mai 1944, un bombardier anglais, abattu par la Flak au-dessus de Nogent-sur-Seine, s’écrase près du camp. En juin 1944, 190 internés sont transférés vers le camp de Nomades de Montreuil-Bellay. Une circulaire ministérielle du 17 novembre 1945 ordonne la dissolution du camp. Le camp ferme le 18 décembre 1942, libérant les 127 derniers internés.




Sources
Archives : Archives départementales de l’Yonne
3M15/26 : Nomades (correspondance de la préfecture)
1W509, 527 : Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes (1944-1945)
Archives Nationales, FRAN, F7/15110 AN, AJ40/930 AD 89, 1 W
Bibliographie : COLLECTIF (DELASELLE, Claude, DROGLAND, Joël, GAND, Frédéric, ROBLIN, Thierry, ROLLEY, Jean), Un département dans la guerre 1939-1945. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, Editions Tirésias, 2006.
HUBERT, Marie-Christine, « Le camp de nomades de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes (1941-1945) », Bulletin de l’Association des Amis de La Chapelle de Villeneuve-aux-Riches-Hommes, 1998, n° 12, p. 31-43.
HUBERT, Marie-Christine, « Le camp de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes », Études tsiganes, 1995, vol. 6, n° 2, p. 197-210.