[:fr]Rééditer les pamphlets de Céline? Gallimard à l’école des cadavres.[:]

[:fr]En premier lieu rappelons que si attachés que nous soyons à la liberté, nous ne supportons que celle-ci subisse des attaques visant à la limiter, d’où qu’elles viennent. Rappelons, que l’art, sous toutes ses formes absolues est l’expression de cette liberté. Et qu’il a droit de citer.

Admettons qu’avant-guerre, Céline fut l’un des derniers grand stylistes, porté par une humanité à bout de souffle, dévastée par la Grande Guerre. Une humanité à laquelle il ne croit plus au fond de lui, qu’il essaie de maintenir peine perdue. Céline, génie littéraire? Certes, mais une comète, Mort à CréditLe Voyage au bout de la Nuit, sont des monuments. Le reste est anecdotique, voire dégueulasse.

Qu’est-ce que c’est dégueulasse? C’est faire sans amour. Céline écrit dans la haine. Les formules sont enlevées, presque plaisantes, presque séduisantes, mais dégueulasses. Pourquoi? Lorsque Céline écrit ses deux premiers livres importants, son amour de l’Humanité l’emporte sur son dégoût de ceux qui l’empêchent. Puis, par un glissement insidieux il se range du côté des « vainqueurs », de la vox populi, cette logorrhée adhérente au plus fort du moment.

La reconnaissance est une vanité sans nom pour qui n’a pas souffert dans sa chair. Céline n’est pas de ceux-là. Il est un instigateur. Cela n’est plus à prouver.

L’histoire de ses éditeurs non plus n’est pas exemplaire, et il est surprenant que celle de Robert Denoël, après son assassinat en 1945 n’aie toujours pas été éclaircie. Ni celle des compromissions de la Nrf. Mettons-cela sur le compte de la non-dévychisation de la France par le gaullisme de droite et ses forces adhérentes (communistes, socialistes, puis républicains…)

Ce qui est surprenant c’est que l’appât du gain actuel l’emporte sur la littérature. Aucune des justifications avancées par le groupe Gallimard n’est valide. La qualité littéraire? Fi! Les pamphlets de Céline sont même surclassés lorsque l’on parle de pamphlets. Ils sont au niveau de Brasillach. Ils ne représentent aucun intérêt littéraire, mais pécuniaire.

Antienne de l’édition pour justifier sa médiocrité: faire du fric avec des merdes nous permet de publier de bon trucs. On aimerait qu’il en soit autrement. Ce n’est pas la ministre de la Culture et des trucs autours qui nous contredira.

Insistons auprès des éditions Gallimard, pour qu’elles restent du coté des caniches, croisés avec des chiens d’un combat juste, du coté de l’amour, pas des chiens de garde du capitalisme le plus vil.

La seule économie qu’on ne puisse faire ici, c’est d’accompagner cette publication d’un appareil critique solide, car le maigre intérêt à en tirer en purement historique.


La maison Gallimard a annoncé la « suspension » de la réédition. L’affaire n’est que partie remise donc.[:]

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