Joseph REINHART (1916 † 1943)

Joseph REINHART, manœuvre français (1916 † 1943).

Il est le fils de Sinté-Manuš de l’Est : Alphonse REINHARDT (03/10/1895, Rapperswill, Bern (Suisse) † ) et Maria REINHART (19/07/1890, Weyersheim (Bas-Rhin) † Dannemarie (Haut-Rhin), 19/01/1973 ; ouvrière agricole).

La famille est internée au camp de Crest le 28 octobre 1915 en provenance du dépôt du Puy (Haute-Loire). Crestois malgré-lui, il naît le 30 décembre 1916 à 3 heures du matin, au « camp de suspects » de Crest (Drôme) à l’ancien Monastère des Capucins, reconnu à Crest le 14 février 1917 à Crest, baptisé catholique le 1er janvier 1917. Sa grand-mère paternelle Virginie-Marie REINHARDT (1872 † 1918) décède d’une bronchopneumonie au camp le 10 octobre 1918, âgée de 46 ans. Naissance à Crest, dans l’ancien couvent des Capucins de sa petite sœur Marie-Antoinette REINHARDT (1919 † 1981), le dimanche 25 mai 1919.

Le « dépôt d’Alsaciens Lorrains » de Crest a fonctionné de 1915, jusqu’à sa clôture à la libération des derniers internés le 14 juillet 1919, dont la famille REINHART, qui indique alors son intention de se rendre à Chavanne-les-Grands (Territoire de Belfort), dans sa famille paternelle. Le camp de Crest était l’aboutissement d’un système concentrationnaire français où nombre d’internés issus d’autres dépôts, finissaient irrémédiablement par y êtres mutés. La récente adoption de la loi du 16 juillet 1912 sur la circulation des Nomades et Forains, et leur fichage anthropométrique systématique par les forces de Police Spéciale, a grandement facilité cette situation. Le passage des familles à Crest a accru la surveillance sur elles dans l’entre deux-guerres et en a fait des cibles toutes désignées à l’adoption du décret loi du 06 avril 1940 sur l’assignation des Nomades et Forains sur le territoire français. Dès le début du deuxième conflit mondial, l’État récidive.

Le 23 mai 1922 à Hochstatt (Haut-Rhin) sa mère se marie avec Joseph REINHARDT (09/10/1895 à Roppentzwiller (Haut-Rhin), vannier † idem, 11/12/1982) dont il aura un demi-frère Marcel REINHARDT (06/08/1922 (Mertzen (Haut-Rhin) † )

En août 1939, ils résident à Dannemarie (Haut-Rhin).

Il est arrêté à Ugine (Savoie) avec ses parents. « N’a jamais vécu en roulotte. » Il est interné au camp de Gurs (Basses-Pyrénées) avec sa famille en 1940.

Ils sont transférés au Camp d’Hébergement de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), îlot F, baraque 56, le 16 mars 1941, matricule 6 104, célibataire. +++++ et H F en haut de la fiche (sic). Ouvrier. Évadé le 19 mai 1941 avec son beau-père. 

Repris, il est transféré le 03 juillet 1942, au camp de Nomades de Saliers (Bouches-du-Rhône), matricule 16, baraque 10, catégorie [T : Travailleur], Français, de « race : Nomade », manœuvre. Lorsque le commando des premiers 29 hommes venu de Rivesaltes arrivent à Saliers, il n’y a rien. Ce sont eux qui vont servir de main d’œuvre forcée pour des entreprises arlésiennes à construire le camp .

« Avis du chef de camp : bonne conduite. En cas de libération retournerait chez sa mère à Uzine (Haute-Savoie) [sic]. Travaillerait comme manœuvre. »

Évacué sur l’hôpital d’Arles le 20 janvier 1943, l’acte de décès n° 77 indique : 1er février 1943 à 6 heures 30 à l’Hôtel-Dieu, rue Marché Neuf, âgé de 26 ans, sur déclaration de Arthur Sautel, employé.

Cause du décès inconnue… Sa dépouille a probablement été jetée à la fosse commune, sans mention.

Son beau-père Joseph, interné à Rivesaltes, Noé, Nexon et Fort-Barraux a été déporté au KL Buchenwald, matricule 60.908, par le convoi du 03 juillet 1944 depuis Grenoble. Il a survécu.

N’oublions pas son nom…


Parcours géographique


Documents d’état-civil et de police


Documents d’internement


Sources

Archives départementales des Bouches-du-Rhône, FRAD013, 142 W 92, notice individuelle; 142 W 98 Décédés.

Archives départementales de la Drôme, FRAD026,

Archives départementales des Pyrénées-Orientales, FRAD066, 109 W 320, dossier individuel; 1260 W 26, fiche individuelle ; 1260 W 78, évasions.

Archives diocésaines de Valence, paroisse de Crest.

Archives Municipales Arles, L’Homme de Bronze, Mi.

Section photographique de l’armée – Collections photographiques du musée d’Histoire contemporaine – BDIC, mission photographique, Crest, Janvier 1916.

Etat-civil Crest/1916/NA/62.

Etat-civil Arles/1943/DE/77.

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