Camp de Saliers-Arles (Bouches-du-Rhône) 1942-1944

Arles (Bouches-du-Rhône), “camp de concentration de gitans à Saliers-Camargue”, 15 juin 1942 – 15 octobre 1944.

Superficie: 4 hectares, 72 ares, 38 centiares

Architectes des Monuments Historiques: Jacques Van Migom et R. Malot, puis Jacques Van Migom tout seul. 30 cabanes camarguaise de 4m x 8m.

Autorité de tutelle: Secrétariat d’État au Travail (Service Social des Étrangers), puis à partir du 28/02/1943 Ministère de l’Intérieur

Ouverture administrative: 15/06/1942 – 15/10/1944

Occupation par les internés: 03/07/1942 – 15/10/1944

Destruction du lieu: 1953.

Population: nomades, forains et quelques paysans

Capacité d’accueil: 300

Occupation maximale: 380 (décembre 1942)

Nombre d’internés recensés et identifiés: 662


Stèle: stèle avec une plaque au texte très approximatif: « Camp de Gitans de Saliers. Juin 1942-août 1944. Ici sous l’autorité du régime de Vichy, furent internés 700 nomades.» Inaugurée le 2 février 2006, elle a été vandalisée en 2017.Une plaque pédagogique y a été adjointe en 2015 apposée sur un roc comme les pierres de la honte qui servent à bloquer les accès aux places sur laquelle on peu lire:

HISTORIQUE DU CAMP

Suite au décret du 6 avril 1940 interdisant la circulation aux nomades sur la totalité du territoire métropolitain, la répression s’est amplifiée contre les tsiganes français et étrangers conduisant à l’ouverture de nombreux camps d’internements en France.
Créé en 1942 par le régime de Vichy, le camp de Saliers a été le seul camp d’internement pour les tsiganes de la zone Sud.
Officiellement ouvert le 15 juin 1942, son caractère concentrationnaire et raciste est évident. Concentrationnaire, car il s’agit d’alléger la population du camp de Rivesaltes. Raciste, car il s’agit de regrouper des personnes selon un critère racial : les « gitans » ou « nomades ». La majorité des internés sont de nationalité française, ce qui démontre que pour le régime de Vichy la « race » prime sur la nationalité et abolit la citoyenneté.
Les autorités voulaient faire du camp de Saliers un instrument de propagande pour répondre aux nombreuses critiques étrangères sur les conditions d’internement dans les camps français. Or les réalités matérielles de vie sont négligées. Les travaux de construction des cabanes, de type camarguais, ne sont pas terminés lorsqu’arrivent 60 hommes en provenance du camp de Rivesaltes les 3 et 21 juillet 1942. Ils vont devoir participer à la construction des cabanes.
Fin novembre, un premier convoi arrive de Rivesaltes. En décembre, on décompte 380 internés à raison de 10 à 15 personnes par cabane de 4×8 m. La situation sanitaire est déplorable. Les familles subissent « un séjour particulièrement odieux » (d’après le rapport de l’Inspecteur des camps du 5 décembre 1944) : état d’inachèvement des cabanes, contact direct avec les parasites, manque de luminosité, chauffage insuffisant, pas d’adduction d’eau potable, ni d’évacuation des eaux usées, sous-alimentation.

Au total, 662 personnes ont été enfermées dans ce camp. 227 enfants ont dû être “évacués”, c’est-à-dire, arrachés des bras de leur mère et confiés à des organismes divers. 25 personnes, dont 6 enfants sont morts ici des conditions déplorables d’enfermement. Plusieurs, non répertoriés officiellement, sont décédés peut de temps après avoir quitté le camp des suites de la malnutrition et des mauvais traitements. Certains ont été déportés à l’Est. Tous sont à porter aux nombre des centaines de milliers de victimes européennes du génocide des roms et voyageurs.

Par confusion avec un camp militaire nazi, le camp subit une attaque aérienne alliée le 18 août 1944. 211internés en profitent alors pour s’évader. Le camp, quasiment vide, ne sera dissout officiellement que le 15 octobre 1944. Ses vestiges seront détruits en 1952, après le tournage du film de Henri-Georges Clouzot Le Salaire de la peur. Par contre, des traces indélébiles ont marqué la mémoire des familles qui y ont vécu.

Ma bister!
N’oublions jamais! »

Une borne à l’endroit précis de l’entrée du camp a été inaugurée le 23 mai 2015.

Commémoration annuelle: 23 mai, à 15 heures

Organisation: Association des Filles et Fils d’Interné.es du Camp de Saliers-Arles (AFFICS). Siège social: 13200 Arles. Gigi BONIN, président. 06 71 08 56 70.  filsfillesinternescampsaliers@gmail.com